Dans un monde où les outils numériques régissent nos modes de travail, de consommation, d’information et de communication, la question des alternatives aux GAFA se pose. Derrière les interfaces familières de nos logiciels et plateformes du quotidien se cachent une poignée d’acteurs ultradominants : les GAFA. C’est pourquoi, face à eux, l’Europe tente de s’organiser, avec un objectif : reprendre la main sur sa technologie, ses données et ses choix stratégiques.
Les GAFA, c’est quoi ?
Les GAFA, acronyme de Google, Apple, Facebook (Meta) et Amazon, sont les figures de proue des géants technologiques américains, souvent étendus au sigle GAFAM en y ajoutant Microsoft. Ces entreprises concentrent une puissance technologique, économique et politique sans précédent.
Quelques chiffres pour illustrer cette domination :
- Google détient plus de 90 % des parts de marché des moteurs de recherche en Europe.
- Amazon Web Services (AWS) représente environ 30 % du marché mondial du cloud.
- Meta (Facebook, Instagram, WhatsApp) compte plus de 3 milliards d’utilisateurs actifs par mois.
- Microsoft équipe une majorité des entreprises avec ses outils bureautiques.
Ce quasi-monopole soulève de nombreuses questions : dépendance stratégique, souveraineté des données, influence géopolitique. Voyons maintenant où ces acteurs sont omniprésents dans le quotidien des entreprises.
Les principaux outils issus des GAFA & co en entreprise
Microsoft Office
Word, Excel, PowerPoint, Outlook, Teams… L’univers Microsoft s’est imposé comme le standard absolu de la bureautique. Dans la majorité des organisations, ces outils sont omniprésents, souvent intégrés à l’écosystème Windows et Microsoft 365. Leur force ? Une compatibilité universelle, une prise en main immédiate et un ancrage profond dans les usages professionnels.
Les outils Google
Entre Gmail, Google Chrome, le moteur de recherche Google et YouTube, Google est à la fois la porte d’entrée de l’information, le fournisseur de messagerie numéro un, et un acteur incontournable de la publicité en ligne. Ses services sont gratuits, simples d’usage… mais alimentent un modèle basé sur la monétisation massive des données.
Les CRM : Salesforce, Dynamics, Hubspot
Sur le marché des CRM (Customer Relationship Management), Salesforce domine largement, suivi de Microsoft Dynamics et Hubspot. Ces outils permettent de gérer la relation client, de suivre les ventes, d’automatiser le marketing. Ainsi, leur puissance fonctionnelle est impressionnante, mais leur coût élevé et leur centralisation posent la question de l’indépendance.
L’IA : ChatGPT, Gemini
ChatGPT (développé par OpenAI avec Microsoft) et Gemini (nouvelle IA de Google) incarnent la montée en puissance de l’intelligence artificielle générative. Ces outils bouleversent la manière de rechercher, rédiger, analyser, produire… mais posent aussi des enjeux éthiques, juridiques et stratégiques majeurs.
Les réseaux sociaux : Meta & Twitter
Les réseaux sociaux les plus utilisés (Facebook, Instagram, WhatsApp, désormais Threads) sont détenus par Meta. Twitter, devenu X, reste influent malgré ses dérives. Le problème majeur : une logique de dérégulation, des algorithmes opaques, et une diffusion massive de désinformation sans contrôle européen effectif.
Messageries : WhatsApp, Slack
WhatsApp s’est imposé dans la sphère privée comme dans les échanges professionnels. Slack, de son côté, a transformé la communication interne des entreprises. Mais ces services restent centralisés, peu transparents sur le traitement des données, et soumis au droit américain.
Cloud : Amazon Web Services, Google Cloud
AWS est leader mondial du cloud, suivi de près par Microsoft Azure et Google Cloud. Ces solutions hébergent une grande partie des données mondiales, y compris celles d’organisations européennes sensibles. Mais, une dépendance critique s’est installée, peu compatible avec les enjeux de souveraineté.
Les risques de la toute-puissance des GAFA
Climat géopolitique incertain
Les décisions américaines, comme les menaces de Trump de couper certains services ou de taxer des technologies européennes, montrent à quel point les choix technologiques sont aussi des armes géopolitiques. De plus, la guerre économique USA/Chine, les tensions commerciales, et la dépendance aux technologies extra-européennes exposent nos entreprises à des décisions unilatérales.
Sécurité des données
Avec des serveurs hors UE et des législations comme le Cloud Act, les données hébergées par les GAFAM peuvent être consultées ou réquisitionnées par les autorités américaines, même si l’entreprise cliente est européenne.
Espionnage industriel et commercial
Certains experts redoutent que les données confiées aux géants du numérique puissent alimenter, directement ou indirectement, des stratégies de veille concurrentielle, d’espionnage industriel ou de ciblage économique, sans que les entreprises européennes en aient conscience.
Blackout en cas de conflit
Enfin, en cas de crise internationale majeure, les infrastructures numériques pilotées à l’étranger peuvent devenir inaccessibles ou dégradées, mettant en péril la continuité des activités. D’où l’importance de solutions souveraines, maîtrisées localement.
Les alternatives européennes aux GAFA
Alors que la dépendance aux géants technologiques américains soulève de nombreuses inquiétudes en matière de souveraineté, de confidentialité et d’indépendance stratégique, l’Europe ne reste pas les bras croisés. Ainsi, de nombreuses solutions alternatives, souvent open source et respectueuses des données personnelles, sont déjà disponibles — et parfois même en avance sur leurs homologues. Voici un panorama complet et détaillé.
Emails
Proton Mail (Suisse)
Proton Mail est une messagerie électronique sécurisée, basée en Suisse, qui garantit un chiffrement de bout en bout des emails. Cela signifie que même Proton ne peut pas lire vos messages. L’outil est entièrement conforme aux normes européennes de protection de la vie privée et bénéficie d’une juridiction suisse, à l’abri des lois extraterritoriales comme le Cloud Act américain. En avril 2025, Proton Mail revendique plus de 100 millions de comptes utilisateurs dans le monde, faisant d’elle une des principales alternatives au duo Gmail-Outlook. Lien
Tuta Mail (ex-Tutanota, Allemagne)
Tuta Mail se positionne comme l’une des solutions les plus sécurisées du marché. Chiffrement automatique des emails, absence de publicité, interface épurée, hébergement en Allemagne : l’outil séduit de plus en plus d’utilisateurs sensibles à la vie privée. En effet, entre juillet 2024 et février 2025, Tuta Mail a vu croître son nombre de clients payants de 148 %, preuve d’un intérêt croissant pour les solutions souveraines et éthiques. Lien
Bureautique
OnlyOffice
OnlyOffice est une suite bureautique open source compatible avec les formats Microsoft (DOCX, XLSX, PPTX). Elle comprend des outils de traitement de texte, tableur, présentation et édition collaborative. Disponible en version auto-hébergée ou en SaaS, elle est largement adoptée dans les universités, collectivités et entreprises à la recherche d’alternatives maîtrisées. En 2025, OnlyOffice revendique plus de 7 millions de clients dans le monde. Lien
Nextcloud Office
Nextcloud Office est intégré à la plateforme Nextcloud, qui permet aux organisations d’auto-héberger leurs données. Cette suite collaborative inclut un traitement de texte, un éditeur de feuilles de calcul et un outil de présentation. Elle favorise une collaboration en temps réel, tout en garantissant le contrôle total des données, notamment grâce à son intégration dans des clouds souverains (type OVHcloud). Lien
CryptPad (France)
CryptPad est une suite bureautique open source 100 % chiffrée développée en France. Son approche unique : aucun accès possible aux données par les serveurs hébergeurs. L’interface propose un éditeur de texte, des tableurs, des tableaux kanban, et bien plus, le tout dans un environnement collaboratif. C’est l’option idéale pour ceux qui veulent collaborer en ligne sans compromettre la confidentialité. Lien
Moteur de recherche
Qwant (France)
Qwant est le moteur de recherche français lancé en 2013. Contrairement à Google, il ne trace pas ses utilisateurs, ne conserve pas leur historique de recherche et n’utilise pas de cookies pour le ciblage publicitaire. Disponible dans plus de 30 pays, il compte environ 21 millions d’utilisateurs mensuels. Son design intuitif et son partenariat avec Microsoft (Bing pour les résultats) en font une solution hybride, à la fois souveraine et performante. Lien
Ecosia (Allemagne)
Ecosia est un moteur de recherche engagé : 80 % de ses bénéfices sont reversés à des projets de reforestation dans le monde. Chaque recherche contribue à planter des arbres. Depuis sa création, plus de 100 millions d’arbres ont été plantés grâce à son modèle. Respectueux de la vie privée, Ecosia ne revend pas les données utilisateurs et ne conserve aucune information de session identifiable. Lien
Navigateur Internet
Vivaldi (Norvège)
Vivaldi est un navigateur web fondé par un ancien de l’équipe d’Opera. Il se distingue par un haut niveau de personnalisation, une interface moderne, et un respect strict de la vie privée. De plus, il intègre nativement des fonctionnalités comme le blocage de traqueurs, la gestion des onglets avancée, ou la prise de notes. Et désormais, il compte environ 3,1 millions d’utilisateurs actifs. Lien
Mullvad Browser
Développé en partenariat avec le projet Tor, le navigateur Mullvad est conçu pour maximiser la confidentialité. Il bloque par défaut tous les traceurs, ne conserve aucun historique et se couple idéalement avec un VPN. C’est un outil conçu pour ceux qui souhaitent naviguer sur le web sans laisser de traces. Lien
Messagerie
Olvid (France)
Olvid est une messagerie mobile française axée sur la sécurité et la confidentialité absolue. Contrairement aux autres applications, elle ne repose sur aucun serveur central pour établir les connexions entre les utilisateurs. Elle garantit ainsi une impossibilité technique d’interception, même par l’éditeur de l’application. Olvid est notamment utilisée dans les milieux politiques, diplomatiques ou sensibles. Lien
Skred (France)
Skred est une messagerie anonyme, gratuite, sans numéro de téléphone ni email requis pour l’inscription. Créée par le groupe Skyrock, elle mise sur l’absence totale de collecte de données. Avec plus de 16 millions de téléchargements, elle s’impose comme une alternative grand public aux messageries classiques. Lien
Chat & visio
Stackfield (Allemagne)
Stackfield est une solution de collaboration allemande qui regroupe messagerie, gestion de tâches, fichiers et visioconférences dans un seul outil. Conforme au RGPD, elle chiffre toutes les données au niveau de l’appareil, garantissant un haut niveau de sécurité. Elle est très utilisée dans les secteurs sensibles, comme la santé ou les cabinets juridiques. Lien
Wire (Suisse)
Wire propose un outil de communication sécurisé à destination des professionnels. Son chiffrement de bout en bout, sa conformité RGPD et sa transparence (code source ouvert) en font un outil de plus en plus prisé dans le secteur public et les entreprises sensibles. Il intègre discussions, appels audio/vidéo, et partage de documents. Lien
Element
Element est un client open source basé sur le protocole Matrix. Il permet une messagerie instantanée, des appels audio/vidéo, le partage de fichiers et la création de salons publics ou privés. Utilisé par plus de 60 millions de personnes, il permet de déployer ses propres serveurs pour un contrôle total de la donnée. Lien
Hébergement
OVHcloud (France)
Leader européen du cloud, OVHcloud propose des services d’hébergement, de serveurs dédiés, de cloud public et privé. Avec plus de 400 000 serveurs dans le monde, OVH s’impose comme une alternative crédible à AWS ou Google Cloud. Elle garantit une localisation des données en Europe et une conformité complète au RGPD. Lien
Intelligence artificielle
Mistral AI (France)
Fondée en 2023 par d’anciens chercheurs de DeepMind, Mistral AI développe des modèles d’intelligence artificielle open source de très haute qualité. En quelques mois, la startup est devenue un symbole de la reconquête européenne sur le terrain de l’IA générative. Elle a levé plus de 400 millions d’euros en 2024, et ambitionne de proposer une alternative crédible et éthique aux modèles américains. Lien
CRM
Odoo (Belgique)
Odoo est une suite complète de gestion d’entreprise (ERP + CRM) 100 % open source. Elle inclut des modules pour la facturation, la relation client, la comptabilité, la gestion de projets, le marketing, etc. Elle est utilisée par plus de 7 millions d’entreprises dans le monde. Flexible, personnalisable, et économique, elle séduit aussi bien les TPE que les grandes entreprises. Lien
Réseaux sociaux
Mastodon
Mastodon est un réseau social décentralisé et open source, structuré en serveurs indépendants appelés “instances”, interconnectés entre eux (fédération). Contrairement à Twitter ou Facebook, chaque communauté peut fixer ses règles, modérer ses contenus, et héberger ses données. Mastodon revendique plus de 13 millions de comptes créés depuis sa création. Lien
Xing (Allemagne)
Xing est le principal réseau social professionnel en Allemagne, Autriche et Suisse. Il est souvent considéré comme l’alternative germanophone à LinkedIn. Très utilisé dans les ressources humaines, le recrutement et le réseautage local, il revendique plus de 21 millions d’utilisateurs inscrits.concrètes qui répondent à vos enjeux (et pas à ceux du voisin). Lien
La France et l’Allemagne offrent le plus d’alternatives aux GAFA
L’idée selon laquelle l’Europe serait systématiquement en retard dans le domaine du numérique est largement répandue, mais partiellement fausse. Car si l’on se penche sur les initiatives concrètes, les projets déployés et les solutions disponibles sur le marché, deux pays se démarquent nettement : la France et l’Allemagne.
C’est là que se concentre une part significative des alternatives européennes aux GAFA, et surtout, les plus matures et prêtes à l’usage. Proton Mail (Suisse, mais fortement intégré en Allemagne), OVHcloud, Qwant, Atolia, Skred, CryptPad, Olvid, Mistral AI, Tuta Mail, Ecosia, Nextcloud, Stackfield, Odoo… La liste est longue, crédible, et surtout fonctionnelle.
Ces outils n’en sont plus au stade expérimental. Ils sont :
- Déjà utilisés par des milliers, voire des millions d’utilisateurs ;
- Hébergés en Europe, conformes au RGPD, donc alignés avec les exigences réglementaires ;
- Portés par des équipes d’ingénierie solides, souvent issues de la recherche ou des grands groupes ;
- Soutenus par des programmes européens ou des investissements nationaux.
La France, en particulier, bénéficie d’un écosystème numérique robuste, composé de start-ups agiles, d’éditeurs open source, d’acteurs de la cybersécurité, de chercheurs spécialisés en IA… mais qui manquent souvent de reconnaissance ou de soutien politique à la hauteur de leur potentiel.
Il est temps de changer de posture.
Plutôt que de pointer les retards supposés, nous gagnerions à :
- Soutenir nos éditeurs locaux par nos choix d’usage ;
- Intégrer des critères de souveraineté dans les appels d’offres publics et privés ;
- Investir dans l’interopérabilité pour faciliter la migration progressive vers ces outils ;
- Et surtout, faire confiance à notre capacité européenne à innover autrement.
La souveraineté numérique n’est pas un vœu pieux ni une lubie technocratique, c’est une question d’indépendance stratégique, de résilience économique et de sécurité collective.
Et nous avons, ici même en Europe, les briques nécessaires pour la construire.
Est-il facile de mettre en place une alternative aux GAFA ?
Soyons lucides : non, remplacer les outils des GAFA ne se fait pas en un claquement de doigts.
L’avance technologique des États-Unis est réelle. Ils ont su construire des écosystèmes fermés, puissants, attractifs, dans lesquels tout est interconnecté et pensé pour maximiser l’adoption.
À cela s’ajoute l’effet d’habitude, le manque de formation, les résistances internes, et parfois, la crainte de perdre en productivité.
Mais ce retard n’est pas irréversible.
De nombreux signaux montrent qu’une dynamique est en marche :
- La montée des préoccupations liées à la souveraineté numérique dans les entreprises, les collectivités, et jusque dans les institutions européennes ;
- L’amélioration continue des alternatives, qui sont aujourd’hui capables de répondre aux besoins concrets de nombreux métiers ;
- Des initiatives publiques et privées qui favorisent le développement de logiciels open source, d’infrastructures souveraines, et de standards ouverts ;
- Des utilisateurs mieux informés, qui questionnent la centralisation des données, le manque de transparence ou les modèles économiques toxiques.
Pour aller plus loin, il faut :
- Une volonté politique forte, à l’échelle nationale et européenne ;
- Un soutien structuré aux éditeurs locaux, au-delà des effets d’annonce ;
- Des incitations à adopter des solutions européennes dans les marchés publics et les grands groupes ;
- Et une vraie culture de l’expérimentation et de la transition progressive, sans dogmatisme.
Oui, c’est plus complexe que de continuer avec les solutions américaines par défaut.
Mais compte tenu des risques grandissants — géopolitiques, juridiques, commerciaux, environnementaux — cela vaut largement la peine de faire l’effort.
Chez ALENA DX, notre vision
Chez ALENA DX, nous croyons que le numérique ne doit pas seulement servir la performance.
Il doit aussi servir l’autonomie, la transparence et la souveraineté.
Nous accompagnons les entreprises, les collectivités et les organisations à :
- Évaluer leur dépendance aux GAFA ;
- Identifier les solutions alternatives pertinentes ;
- Piloter la transition en douceur, sans rupture, avec méthode et pragmatisme ;
- Et surtout, remettre la stratégie au centre, loin des effets de mode ou des promesses marketing.
Vous souhaitez amorcer un changement ?
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Parlons-en.
Ce n’est pas qu’une question d’outils. C’est un choix de posture et de vision d’avenir.
Et vous pouvez le faire dès maintenant, pas à pas, mais avec ambition.
